Concept

L'affaire Ubao

Adelaida de Ubao e Icaza, une jeune fille de Bilbao âgée de moins de 18 ans, issue d'une famille riche et très catholique, a décidé d'entrer au couvent des Servantes du Cœur de Jésus à Madrid, à l'insu de sa mère veuve. Elle a pris cette décision après avoir reçu des exercices spirituels du père jésuite Cermeño. La mère et la famille d'Adelaida ont saisi le tribunal pour que la jeune femme puisse décider par elle-même, sans "les influences qui la séduisent et la subjuguent", conformément aux canons du Concile de Trente. Le tribunal n'accepte pas les demandes de la famille, qui fait appel en se basant sur l'interprétation du terme "prendre l'état" dans le code civil.

En décembre 1900, le litige est porté devant la Cour suprême, Nicolás Salmerón, ancien président de la première République espagnole, défendant la famille d'Adelaida, et Antonio Maura, homme politique conservateur, s'y opposant. L'affaire est jugée au début du mois de février 1901, accompagnée de manifestations anticléricales. La Cour suprême juge que "tomar estado" se réfère exclusivement à l'état de mariage (sous le régime franquiste, le code civil a été modifié pour que "tomar estado" comprenne explicitement l'état de religieuse). Adelaida est retournée dans la maison de sa mère, mais à sa majorité, elle est retournée au couvent et est morte à l'âge de 29 ans au noviciat d'Azpeitia.

Ce processus largement médiatisé coïncide avec le débat sur la séparation de l'Église et de l'État en France et avec le mariage de la princesse des Asturies, le 14 février 1901, avec le fils du comte de Caserta, Bourbon italien et partisan de la branche carliste, mariage qui se heurte à l'opposition populaire et le général Weyler, capitaine général de Madrid, déclare l'état de guerre le jour même de la célébration du mariage.

Par ailleurs, le 30 janvier 1901, le drame Electra de Benito Pérez Galdós est présenté pour la première fois à Madrid. Ce drame, écrit durant l'été 1900, raconte l'histoire d'une jeune femme contrainte d'entrer dans un couvent face à l'opposition de l'homme qui l'aime. La controverse, avant même la première, rappelle Hernani de Victor Hugo, selon Pío Baroja. Le jour de la première, Ramiro de Maeztu a crié ¡Abajo los jesuitas ! au milieu d'un chœur. La pièce fut jouée cent soirs à Madrid et, à Bilbao, le public exigea que l'on joue la Marseillaise, l'Hymne de Riego et la Trágala. Du point de vue éditorial, Electra est un succès, avec près de 100 000 exemplaires vendus en Espagne, sans compter les éditions en Argentine et au Mexique et les traductions. En revanche, le journal El Socialista prend ses distances avec l'anticléricalisme inopérant, appelant à "moins de cris et plus d'actes". Les évêques écrivent des Pastorales contre Electra, boycottées par les cléricaux.

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  • ORTIZ-ARMENGOL, Pedro. Vida de Galdós, Barcelona, Crítica, 1996.
  • SALMERÓN, Nicolás. Recurso de Casación por Infracción del art. 321 del Código Civil, interpuesto por doña Adelaida de Icaza, viuda de Ubao, Madrid, Imprenta de José Góngora, 1901.
  • Cimientos para un edificio, Madrid, Biblioteca de Autores cristianos, 1979.