Concept

Gamazada

C'est le nom donné à la période d'agitation des fueros qu'a connue la Navarre du printemps 1893 au mois de février de l'année suivante, en raison de la menace qui planait pendant ces mois sur l'autonomie fiscale dont jouissait la province grâce à la loi sur les fueros de 1841.

Cette menace résidait dans l'article 17 de la nouvelle loi budgétaire de l'État présentée par le ministre des finances, le libéral Germán Gamazo. Dès la parution du projet de loi au Journal de Madrid (11 mai 1893), l'opinion publique navarraise réagit unanimement contre ce texte, sans qu'aucune personnalité politique ne soit disposée à transiger sur l'article en question :

"Le gouvernement usera immédiatement de l'autorisation qui lui est accordée par l'article 8 de la loi du 11 juillet 1877 pour appliquer à la province de Navarre les contributions, revenus et impôts actuellement en vigueur, ainsi que ceux créés par la présente loi dans les autres provinces du royaume".

La bataille se déroule aux Cortès et dans les rues. La note de protestation de la Diputación Provincial (16 mai) est suivie d'une série de protestations émanant des mairies, des parlementaires et des merindades de Navarre. Des signatures ont été recueillies et la population est descendue dans la rue le 28 mai dans les cinq capitales, manifestant ainsi son intention de ne pas soutenir le projet lors du vote. Un parti, celui de López Zabalegui, va même jusqu'à prendre les armes. Le 4 juin, une grande manifestation a lieu dans les rues de Pampelune. L'agitation s'étend au reste du Pays basque.

Début août, de graves troubles éclatent à Vitoria et, les 16 et 17 août, l'Orfeón Pamplonés arrive à Gernika à l'invitation de groupes nationalistes pro-fueristes et biscayens, où a lieu le premier incendie d'un drapeau espagnol dans le cadre des célébrations nationalistes (la Sanrocada). Le 20, des troubles éclatent à Laguardia, faisant un mort et plusieurs blessés. Mais les incidents les plus importants ont eu lieu à San Sebastián le 27, lorsque des personnes ont pris d'assaut l'hôtel de Londres où Sagasta venait de s'installer et que la Guardia Civil a chargé, tuant deux personnes et en blessant plusieurs autres. Dans les derniers jours d'août, les affrontements sont fréquents sur la côte du Gipuzkoa et de la Biscaye, avec des milliers de travailleurs à Bilbao qui manifestent contre la décision du gouvernement de commander des bateaux de croisière à Ferrol au détriment de la ville et une atmosphère - à la veille du renouvellement de l'accord économique du Pays basque - complètement opposée au gouvernement.

En février 1894, le gouvernement convoque les députés navarrais au parlement régional qui, après avoir refusé dans un premier temps, finissent par se rendre à Madrid, où ils se montrent inflexibles. La popularité des fueros fut particulièrement évidente lorsque la Diputación, qui n'avait pas cédé aux exigences de Madrid, revint en Navarre le 18 février 1894 ; lors du voyage en train de Castejón à Pampelune, les députés reçurent une ovation triomphale au milieu d'un enthousiasme extraordinaire, ce qui impressionna profondément Arana Goiri, qui était présent en Navarre ce jour-là.

A l'occasion de cette fête populaire navarraise, le 18 février 1894, outre les régionalistes catalans, les régionalistes biscayens étaient également présents - un train spécial en provenance de Bilbao avec les frères Arana Goiri à sa tête, portant un drapeau (fabriqué par Juana Irujo) avec le slogan faisant allusion à la solidarité de la Biscaye et de la Navarre et les couleurs de la future ikurriña. En lettres rouges sur fond blanc, on pouvait lire l'inscription bilingue suivante : "Jaun-Goikua eta Lagi-Zarra. Agurreiten deutse Naparrei" - "Dieu et l'ancienne loi. Bizkaya salue la Navarre". Une délégation de la société Euskalerria et une délégation du Cercle Intégriste de Bilbao étaient également présentes. Sabino de Arana a été invité et reçu à Pampelune par la Députation Provinciale de Navarre, devant laquelle il a prononcé quelques mots :

"Au nom des Biscayens présents ici, et je pourrais même dire de tous les Biscayens, car ils sont tous avec la Navarre, et aussi au nom du journal "Bizkaitarra", dont je suis le directeur, je salue respectueusement et félicite avec enthousiasme la Députation Provinciale de Navarre, pour son attitude patriotique et sa campagne héroïque contre les plans injustes du gouvernement espagnol, et je vous demande d'embrasser fort, en notre nom, le peuple de Navarre, le peuple patriote, le peuple qui est notre frère, le peuple cher à nos cœurs". De retour à Bilbao, Sabino de Arana a écrit un message de félicitations qui se termine par ces mots : "Vive la Navarre, vive l'Euskeria unie ! Pour Arana", commente Manuel de Irujo, fils de Daniel de Irujo, compagnon d'Arana à cette occasion, la "gamazada" a été un événement décisif : "Jusqu'alors, Sabino était un penseur, il avait parlé et écrit, mais il n'avait pas créé de journal, il n'avait pas créé de cercle, il n'avait pas agi en politique. À l'occasion de la Gamazada, le journal a été créé, la Euskaldun Batzokija ou Centre Basque a été créée et il a commencé à agir publiquement".

Pampelune conserve un fier souvenir des journées qui se sont déroulées dans le Monument aux Fueros, dont l'érection a été décidée le 12 juin et qui a été construit, par souscription populaire, selon le projet pentagonal (cinq merindades) de l'architecte Manuel Martínez de Ubago, d'Iruña. Achevée en 1903, elle porte l'inscription principale suivante en basque :

Gu gaurko euskaldunokGure aitasoen illezkorrenOroipenean, bildu gera emenGure legea gorde naiDugula erakusteko.

[Nous, les Basques d'aujourd'hui, nous sommes réunis ici, en mémoire immortelle de nos ancêtres, pour montrer que nous voulons conserver nos lois.]

Translated with www.DeepL.com/Translator (free version)