Lexique

NOUVELLE PHÉNICIE

La Nouvelle Phénicie, premier projet nationaliste. L'analyse du projet de Nouvelle Phénicie de J.D. Garat révèle une tentative d'adaptation du mythe ou de la théorie basco-cantabrique, représentant du légitimisme historiciste s'il en est, au nationalisme libéral du XIXème siècle. Sous sa plume, la "cantabrification" du Pays basque de France réalisée par le chevalier Bela et l'évêque Sanadon dans leur Essai de 1785 trouve ainsi son aboutissement. Les écrits de Garat reconnaissent non seulement ses prédécesseurs - Oihenart, Moret, Larramendi, Sanadon - mais aussi ses contemporains Moguel et Astarloa. N'oublions pas non plus qu'en 1801, il rencontra W. Humboldt, le patriarche du basco-ibérisme scientifique. Il ne nous semble pas exagéré de penser qu'il rencontra également Juan Antonio Zamacola, exilé en France après la "zamacolada" de 1804, et auteur d'une Histoire des nations basques publiée en 1818, après la chute de Napoléon, à laquelle il semble cependant faire allusion lorsqu'il évoque une "confédération des Pays basques avec l'Empire d'Occident". Ce nationalisme naissant disparaît lorsque l'ordre ancien est rétabli en Europe sous la dictée de la Sainte-Alliance. Le retour des Fueros, bien que très diminué, et la naissance du fuerismo comme doctrine ambiguë, unioniste et séparatiste à la fois, ont retardé et même déformé le nationalisme classique jusqu'à la fin du 19ème siècle.